Mercredi, on fait le tour de la ville et on la decouvre plus belle qu’on ne l’imaginait. Les ruelles sont agreables, les maisons colorees. La place centrale est tres agreable, reposante. On s’y sent bien meme s’il fait un peu froid. L’apres-midi, on va visiter la casa de la moneda (la maison de la monnaie) avec deux filles belges qu’on avait rencontrees dans le salar. Potosi est situee au pied du « cerro ricco », la montagne riche en minerais qui avaient fait de Potosi la ville la plus riche d’Amerique du Sud, entre le XVIeme et le XVIII eme siecles. Les Espagnols y ont fait extraire des quantites astronomiques d’argent qui ont assure sa richesse pendant plus de 3 siecles. Les mines ont aussi ete le theatre d’un drame humain a l’echelle de ses richesses. Plus de 8 millions d’esclaves Indiens ou Noirs, morts dans des conditions de travail innomables durant cette periode. La casa de la moneda etait le lieu ou l’on frappait une grande partie de la monnaie espagnole, en argent. C’est maintenant la propriete de la banque centrale bolivienne et un tres beau musee. Apres la visite, on va se prendre un bon chocolat chaud au cafe La Plata et on rentre ecrire un peu. Diner dans un petit resto juste a cote d’une cheminee a gaz qui nous rechauffe ! Jeudi, on se leve tot, on va visiter les mines. On monte dans un combi antediluvien et Thomas et Jose, nos guides, nous emmenent nous changer. On ne visite pas une mine-musee, mais une mine en activite. On s’equipe ! Bottes, pantaloins et vestes impermeables, casques et lempes electriques. Quand on sort du vestiaire, les gens regardent passer les 3 petits mineurs avec le sourire. On repart puis on s’arrete au mercado de los mineros. Jose nous explique que la tradition veut que les touristes amenent des cadeaux aux mineurs. On achete des sodas et des sacs de feuilles de coca. Les mineurs en machent en permanence pour se donner du courage et c’est, pour certains, la seule nourriture qu’ils absorbent dans la journee. On reprend le bus et on roule jusqu’a la mine «Salvador ». Des jeunes chargent des brouettes de blocs rocheux. Ils ne sont pas bien vieux. On se pousse, du tunnel sort un wagon charge a bloc, pousse sur des rails par deux mineurs en sueur : le decor est plante. Jose nous invite a le suivre et on s’engouffre dans le tunnel sombre. On marche dans les rails, dans le froid, la boue et les bruits d’air comprime qui circule dans les tubes au-dessus de nos tetes. On passe sous des etais en bois, on laisse plusieurs galeries sur le cote, on bifurque souvent. On laisse passer qques wagons qui entrent a vide et ressortent charges. Les mineurs sortent a chaque fois 500 kg de wagon et 1 tonne de minerai. Ils font entre 10 et 13 allers-retours par jour. On a parcouru pres de 2 km de galerie a l’horizontale. On commence a s’habituer a l’environnement. Jose nous indique qu’il y a en realite 6 niveaux de galeries. 2 au-dessus de nos tetes et 3 en dessous. Il nous propose de descendre a celui juste en dessous, a 15m. Pour y aller, il faut emprunter un boyau vertical et 3 echelles de bois un peu branlantes. Jose y va, suivi de Leo, qu’il assure. Puis Xav y va, avec Guillaume. Mais arrive a la deuxieme echelle, Guillaume renonce. Ca bouge beaucoup, et il y a pres de 10m de vide en dessous... Xavb remonte avec lui, il rejoint Sarah, qui ne descendra pas non plus. Mag reste avec eux et Xav rejoint Jose et Leo arrives au niveau inferieur. Tous les 3 partent a la recherche des ouvriers qui perforent la roche et preparent le dynamitage. Ils passent dans des galeries etroites, trouvent une veine de zinc, mais n’iront pas jusqu’aux perforateurs. La poussiere est trop dense et il y est difficile de respirer. Tout le monde remonte et on continue ensemble la visite. Jose nous explique les conditions de travail, les risques associes (cyanose, silicose, accidents), l’organisation des equipes, puis vers midi, les mineurs sortent pour leur pause. On les laisse passer puis on s’arrete. Jose nous fait signe d’attendre, puis soudain, on entend une deflagration sourde, eloignee, mais qui fait vibrer la galerie. Le dynamitage a commence a l’etage inferieur. On entend au total 21 explosions... Les mineurs iront ramasser le minerai cet apres-midi. On reprend le chemin et encore 15 explosions, plus proches ! On est quand meme pas tres rassures... On avance jusqu’a un cul de sac, ou trone « el Tio », le dieu de la mine. Ou plutot, le diable protecteur. Toutes les semaines, les mineurs lui font des offrandes, feuilles de coca, cigarettes et alcool a 96 degres ! Qu’ils partagent avec lui... C’est raide ! Apres de longues explications tres interessantes sur les traditions mineres, on rejoint enfin la sortie de la galerie et on est aveugle par la lumiere. Quelle experience ! On s’est retrouve plonge pendant 3 heures dans un roman de Zola et on ressort touche par ces conditions de travail d’un autre temps. On termine la visite par l’usine de separation des minerais. Il n’y a plus beaucoup d’argent et le plus gros de l’exploitation concerne le zinc et l’etain. Le processus est aussi archaique et l’usine rappelle la cite des enfants perdus. Bref, cette matinee aura ete tres riche en emotions et en apprentissages. Retour a l’hotel, douche pour tout le monde, et on part pique-niquer sur la place. Un peu d’internet pour terminer l’apres-midi et diner dans notre cantine ou l’on goute le piquante de Viscache (desole Sarah...). On y retrouve le groupe des jeunes avec qui on avait fait le voyage d’Uyuni. Sortir de Potosi risque d’etre aussi difficile que d’y entrer. Ils ont un plan avec une agence et on prend rendez-vous pour un point a 9 heures le lendemain.
Vendredi, Xav va aux nouvelles a 8 heures a l’hotel. On rencontre une famille de Lans-en-Vercors, qui vont tenter de partir avec nous. Livio, Fanny et Xav se rendent a l’agence Claudia Tours, pour voir comment on pourrait s’organiser. Mag reste avec les cocos a l’hotel. Leo est malade, il a vomit cette nuit. Les routes sont bloquees. L’agence nous propose un avion. Apres qques coups de fils, il s’avere que l’avion en question, 80 places, est trop grand pour l’aeroport de Potosi... Un chauffeur arrive et renonce a partir... c’est trop dangereux. On rentre bredouille. On retourne voir a l’agence vers 11 heures, le temps pour la gerante de se rendre au terminal de bus pour prendre plus d’infos. Et a 11 heures, bonne nouvelle ! Elle a trouve un bus qui connait une route libre, plus longue et aussi plus couteuse. Mais bon. On rassemble nos affaires et le groupe commence a monter dans le bus. Et la, probleme. C’est un 20 places et on est maintenant 25 a vouloir partir... Rien a faire, le chauffeur ne veut pas prendre trop de monde, la route est dangereuse... On reste un bon moment a discuter et on s’apporete a eliminer de la liste les derniers inscrits. Puis finalement, le chauffeur nous annonce que la route est finalement bloquee aussi ! Fausse joie, tout le monde redescend... On reprend une chambre a l’hotel et on part dejeurner. On s’inscrit de nouveau sur une liste pour un eventuel avion et on se donne rendez-vous a 15h. Le gouvernement et les mineurs discutent et il pourrait y avoir un « quarto intermedio », durant lequel les bus seraient autorises a circuler. Et a 15h, Guillaume et Xav aprennent que c’est tout bon ! Les barrages sont leves, mais pour combien de temps ? On reveielle Leo qui se reposait avec Mag et Sarah a l’hotel et on monte dans un bus qu’on remplit avec le meme groupe. 16h30, on part pour Sucre. 3 heures plus tard, on y est ! On n’a rencontre aucune difficulte, on y croit a peine ! Et a l’arrivee, bonne surprise, on est descendu a 2700 metres et il fait super bon ! De ce qu’on en voit du taxi, la ville a l’air tres jolie. On ira la visiter demain.
Commentaires